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19/06/2018

Rencontre avec Arnaud, responsable de l'antenne KEDGE Alumni à Kuala Lumpur

Après avoir travaillé en France, à Londres et à New York, Arnaud Malfoy exerce aujourd'hui dans une start-up à Kuala Lumpur. Il est également responsable de l’antenne locale de KEDGE Alumni.

Bonjour Arnaud. Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire, quelle formation avez-vous suivi avant, pendant et après KEDGE ?

J’ai un parcours scolaire assez standard, j’ai fait une prépa commerce à Paris, puis j’ai obtenu KEDGE. Je suis parti à Bordeaux, où j’ai pris une spécialisation finance. J’ai fait 6 mois en échange à HEC Montréal, probablement la meilleure partie de ma scolarité. Et après je suis revenu 6 mois en France pour faire mon stage de fin d’étude chez E&Y.

Je suis ensuite parti directement en VIE à Londres dans une filiale de Renault. J’ai fait ça pendant 18 mois, cela m’a bien plu mais j’ai voulu changer de secteur. J’étais en finance d’entreprise et je voulais travailler en finance de marché. J’ai donc quitté cette entreprise et j’ai été embauché dans une plateforme de trading en obligations et dérivés, qui s’appelle Tradeweb. Je suis rentré en tant qu’analyste et je suis resté deux ans et demi. Cela s’est tellement bien passé qu’en fait un poste s’est libéré à New York et j’ai été transféré là-bas et promu ensuite. J’ai adoré New York, c’est une ville exceptionnelle, beaucoup d’énergie et de dynamisme, et surtout une façon de travailler décontracté et efficace. En effet, il n’y a pratiquement pas de hiérarchie, beaucoup de communication, de positivité dans la façon de travailler, c’est un peu l’inverse du modèle français dans ce sens-là (rires). Au final, j’ai terminé VP dans cette entreprise.

 

Expliquez-nous votre décision de vous expatrier ici à Kuala Lumpur ?

Après 6 ans à New York, j’avais envie de sortir de ma zone de confort et de repartir ailleurs. Ma femme qui avait également vécu dans différent pays auparavant était dans le même état d’esprit. Nous étions focalisés sur l’Asie depuis quelques temps. Personnellement, c’était quelque chose que j’envisageais depuis Bordeaux, je me suis dit que si je ne le faisais pas maintenant je ne le ferais jamais. On est parti à l’aventure, on pensais passer 6 mois en Chine, apprendre le mandarin et ensuite trouver un emploi à Hong Kong vu que mon beau frère et sa femme étaient déjà là bas. Et au final, quelques semaines avant notre départ, une connaissance de ma femme nous a demandé si on était intéressé de travailler à Kuala Lumpur pour une entreprise locale. Le job en lui-même paraissait parfait, chef de projet, avec un projet basé entre la Malaisie, Singapour et l’Indonésie. En réalité, ce qu’on nous avait fait miroiter ne s’est pas vraiment matérialisé derrière, avec une bureaucratie extrême, une hiérarchie très forte et un micro management qui allait à l’encontre de toute efficacité. Au final, je suis parti au bout de 6 mois. Ensuite, j’ai travaillé en tant qu’indépendant, passé plusieurs certifications et finalement trouvé un nouveau poste dans une start-up dans laquelle je suis toujours.

 

Pouvez-vous nous parler plus précisément de votre entreprise et de votre poste actuel ?

Cette start-up est dirigée par un malaisien et un français, tous les deux issus de General Electric, ils ont une énorme carrière internationale derrière eux. Je suis chef de projet/consultant sur des projets à la fois internes et externes. C’est très intéressant et assez ardu à la fois. J’interviens dans des domaines très variés, on conseille par exemple une chaîne d’hôtel, une chaine de clinique ou une plateforme d’apprentissage en ligne (e-learning). On a une partie conseil et une partie IT où on développe nos propres logiciels en interne. On développe par exemple un logiciel dans le domaine du voyage mais adapté aux entreprises, en B to B, le lancement est prévu dans les mois qui viennent, c’est un gros projet avec de nombreux clients intéressés. L’entreprise se développe bien, on a commencé à trois il y a à peine un an et on est déjà une bonne quinzaine. C’est très dynamique et j’apprends énormément. Mais il est vrai que cela m’a beaucoup changé par rapport à la façon que j’avais de travailler aux Etats-Unis, j’ai dû réapprendre beaucoup de choses.

 

Quelles sont vos projets pour le futur ? Par exemple, où vous voyez-vous dans 5 ans ?

Au niveau projet je n’en manque pas, j’ai envie de repartir ailleurs à moyen terme, et j’ai plusieurs idées de création d’entreprise. La Malaisie a énormément d’atouts (pétrole, fiscalité très avantageuse) mais est handicapé par quelques problèmes comme la corruption, le manque d’efficacité du gouvernement ou un système éducatif peu performant. Pour les étrangers, il y a de nombreuses limitations. Il faut mettre 1 million de ringgit (250 000 dollars) si vous voulez posséder 100% du capital lors de la création d’une entreprise sinon il faut s’associer à un local, et vous ne savez pas toujours à qui vous vous associez et vous pouvez vous faire arnaquer assez facilement. De même, à moyen/long terme, il n’est pas facile de rester en Malaisie, il n’y a pas de visa long terme (à part un visa de 10 ans mais qui est distribué au compte goutte), pas de green card, la nationalité est pratiquement impossible à obtenir et de toute façon ils ne reconnaissent pas la double nationalité. On pense peut-être partir en Europe de l’Est, pour à la fois se rapprocher de nos familles respectives (France/E-U), de profiter d’un environnement économique dynamique ainsi que d’un meilleur système éducatif pour notre fille.



Quelle différence voyez-vous en termes de culture dans le monde du travail entre la France et la Malaisie ?

Au niveau professionnel, c’est certainement plus compliqué qu’ailleurs. Mes expériences précédentes aux Etats-Unis ou en Angleterre étaient plus simples, la culture est plus similaire. Au niveau professionnel on parlait le même langage. Ici il y a trois communautés, donc il faut ajuster parfois son discours selon la communauté.

La façon de travailler ici n’a rien à voir avec l’Europe ou les Etats-Unis. Cela été un vrai choc pour moi en arrivant. Les choses vont beaucoup plus lentement, il y a une hiérarchie qui est très importante, très lourde, tout doit être approuvé par beaucoup de monde donc on perd du temps. Il faut avoir de la patience pour mener à bien les projets. Par contre, j’ai développé une expertise et un savoir faire important en peu de temps dans plusieurs secteurs.

 

En quoi KEDGE vous a aidé à développer et réaliser vos projets ?

J’avais de bons professeurs en finance de marché à KEDGE, cela m’a certainement aidé. Le réseau des anciens a aussi été très utile notamment en termes de conseil et d’échange sur des secteurs d’activités ou certaines entreprises en particulier.

Ce qui m’a beaucoup ouvert l’esprit et le champ de possibilité c’est lorsque je suis parti en échange académique à HEC Montréal. J’ai rencontré énormément de gens brillants, qui parlaient de nombreuses langues couramment. C’est là où je me suis vraiment rendu compte de ce que j’avais à faire pour améliorer mon profil. J’ai eu un contre choc au retour de Montréal, je n’arrivais pas à me remettre dans le bain parisien, et au bout de trois quatre mois je me suis dit qu’il fallait que je reparte. J’ai élargi mes perspectives énormément, beaucoup voyagé et j’envisage les choses complètement différemment. A mon époque j’étais un des seuls à commencer ma carrière à l’étranger, et à vouloir y rester. Depuis cela s’est énormément développé et c’est pratiquement la règle. Je trouve que c’est une excellente chose car trop souvent on reste dans notre environnement franco-français et on loupe énormément de choses en termes de développement personnel et professionnel derrière. Quitte à passer 5-10 ans à l’étranger et revenir en France après, mais je pense que c’est vraiment nécessaire. Aussi je trouve qu’une fois qu’on a vécu dans des pays anglo-saxons on a plus de liberté de penser pour prendre des risques et je suis content de voir que KEDGE est une des premières écoles en matière de création d’entreprise. C’est une super école de la vie, forcément il y aura des échecs, la première fois ce ne sera pas forcément un succès, mais on recommence, on s’améliore et on réussit. En France, on reste encore assez prisonnier de parcours fléchés où toute erreur ou changement de parcours peut être fatal à une carrière professionnelle.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un étudiant ou jeune diplômé qui envisagerait de tenter l’aventure malaisienne ?

Se renseigner au maximum auparavant, ne pas débarquer la fleur au fusil en pensant décrocher un job car le marché pour les étrangers est réduit. Donc il faut prendre un maximum de conseils, se renseigner avec les anciens qui vivent ou ont vécu ici, réseauter au maximum. Éviter d’envoyer des CV sur les portails d’emploi car cela ne sert à rien. Il faut se rapprocher directement des entreprises, les contacter, postuler sur le site des entreprises. Je pense que vous aurez plus de chances avec les entreprises étrangères, notamment australienne, américaine, ou européenne. Si un poste vous intéresse, postulez directement et même s’il n’y en a pas, vous pouvez les contacter car souvent les entreprises ne publient pas l’ensemble des postes.

 

Qu’est-ce que vous avez trouvé en Malaisie que vous n’auriez pas trouvé en France ?

Le climat (rires), ça c’est sûr. La qualité de vie est exceptionnelle ici, il n’y a qu’en Asie qu’on peut trouver ça. On a la chance de pouvoir avoir une nounou 5 jours par semaine même la nuit pour notre petite fille, c’est impossible à faire en Europe de l’Ouest ou aux Etats-Unis, c’est un énorme privilège. Il y a une piscine dans pratiquement tous les condo (condominium, immeuble en copropriété, ndlr). C’est extrêmement agréable de pouvoir faire un trek quand on en a envie, de marcher dans la jungle pendant deux heures, de voir toute la faune locale, c’est un vrai privilège comparé à la France et j’en suis pleinement conscient.  L’autre énorme avantage consiste à pouvoir voyager dans le reste de l’Asie, de passer un weekend au Cambodge ou d’aller visiter des amis en Australie.

Pouvez-vous nous parler de votre rôle de responsable d’antenne KEDGE Alumni à Kuala Lumpur ?

J’étais auparavant responsable de l’antenne de New-York quand j’y habitais. Donc c’est tout naturellement que j’ai demandé à être le responsable ici. Par contre, ça a été beaucoup plus difficile d’attirer du monde car évidemment le réseau est beaucoup plus faible, la première fois cela a été un très gros succès avec une dizaine de personnes puis la deuxième fois seulement 4 personnes donc après j’ai arrêté car on n’était plus assez nombreux. Finalement je l’avais mis un peu de côté même si je réponds aux emails des étudiants. J’ai aussi essayé de fédérer les autres écoles de commerce pour essayer d’avoir un certain nombre de personne mais je n’ai pas eu de retours. Le problème c’est que la Malaise reste encore en dehors des sentiers battus, comparé à la Thaïlande ou au Vietnam qui ont pris beaucoup d’ampleur ces dernières années. Je viens de créer un groupe Kedge Whatsapp qui j’espère va renforcer nos liens et créer une entraide entre les anciens à Kuala Lumpur.


 

Interview réalisée à Kuala Lumpur par l’équipe Kedge Asian Success, composée de Romane Clerc, Cyril Colliot et Maud Ribaucourt.

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